Thibaut Cuisset

En 1990 à l’occasion d’une commande du Musée de l’Élysée de Lausanne, Thibaut Cuisset se confronte pour la première fois aux montagnes des Alpes suisses, un paysage spectaculaire. Lors de ses repérages, il se rend compte qu’il est peu habitué à travailler sur ce genre d’espace. C’est aux paysages situés à plus de 2000 mètres d’altitude qu’il s’intéresse, où la végétation laisse petit à petit place aux roches et où certains arbres subsistent.

« J’ai réalisé un ensemble de quarante photographies sur les cols de hautes montagnes. En Australie, il y avait très peu de monumentalité dans les paysages alors que dans les Alpes Suisse c’était l’inverse. Cela m’intéressait de travailler sur des volumes très importants sans pour autant tomber dans une représentation pittoresque. Je pense ne jamais trahir le sens des lieux dans ma représentation mais comment faire un paysage sans tomber dans le pittoresque et sans pour autant anesthésier le sens des lieux ? » Thibaut Cuisset

Cette série a eu lieu après le voyage en Australie et Thibaut Cuisset passe donc des grandes étendues à la monumentalité des montagnes. Les photographies prises en Suisse sont fidèles à l’écriture qu’il est en train de mettre en place : une recherche de la couleur même dans des paysages où le gris pourrait dominer avec une forte présence de glaciers et de roches, et une couleur souvent adoucie par la lumière et une exposition particulière. À l’exception de trois personnages marchant au loin sur un sentier, l’absence de la figure humaine reste la norme dans les photographies de cette série en Suisse. Cependant, l’intervention de l’homme dans le paysage est présente par des routes, des rambardes, des chemins de randonneurs ou encore des tas de pierres. Thibaut Cuisset créé ce qu’il nomme alors « accidents du paysage » en photographiant ces éléments et c’est probablement un des moyens qu’il met en place pour ne pas tomber dans le pittoresque.