Thibaut Cuisset

Thibaut Cuisset prévoit un travail sur le long terme aux Etats-Unis à travers plusieurs campagnes, tel que celui qu’il a réalisé sur les campagnes françaises. Il cherche à traduire le paysage américain dans sa diversité : les immenses étendues propres au paysage américain, les lieux ordinaires à travers les zones rurales et les bourgades, les zones protégées à travers les parcs nationaux ainsi que les villes américaines et les banlieues.

« L’itinéraire sera long mais ce n’est pas une traversée de ce grand pays d’Est en Ouest, ni un aller retour sous la forme d’une boucle dont il s’agit. Ce seront des fragments, des grands bouts d’Amérique... Il est nécessaire de l’inscrire dans la durée, de l’étaler pour vivre des saisons, des climats, et des lumières variées ; pour s’installer dans une certaine lenteur, spécifique à l’utilisation de la chambre photographique. » Thibaut Cuisset

Comme à son habitude, Thibaut Cuisset conçoit assez précisément ses itinéraires à l’aide de cartes routières. Il réalise son premier voyage en 2011 entre Fargo et Denver, et parcourt ainsi les états du Dakota du nord, du Dakota du sud, du Wyoming, du Montana, de l’Utah et du Colorado en passant par les villes de Rapid City et Salt Lake City. En 2012 lors d’un deuxième voyage entre Dallas et Nashville, il traverse les états du Texas, de la Louisiane, du Mississipi, de l’Alabama et du Tennessee, s’arrêtant dans les villes de Bâton-Rouge et New Orléans. Son troisième séjour se fait entre Las Vegas et Seattle en 2015: il longe la côte pacifique (états de Californie, d’Oregon et de Washington), passant par les villes de San Francisco et de Los Angeles.

L’artiste prévoyait trois autres voyages dans l’est des États-Unis pour compléter sa partition américaine qu’il n’a pas pu réaliser avant son décès (désert du Nouveau-Mexique et du Nevada ; nord-est du pays en passant par le Michigan, le Wisconsin, l’Illinois et l’Ohio ; et une traversée de la Floride.

Contrairement aux autres lieux photographiés, il envisage son travail sur les États-Unis avec des images en tête, précisant qu’il ne doit pas y avoir de pays plus photographié et que c’est aussi cette expérience qui l’intéresse. Fidèle à sa méthode, il prépare ses voyages à travers des recherches approfondies sur l’histoire des Etats-Unis et bien sûr, particulièrement sur l’histoire de la photographie. Il se dit très animé par l’approche de Walker Evans avec son exposition et son livre The americans, par le renouvellement du genre de Stephen Shore avec Uncommon places ainsi que par les travaux de Paul Graham American night et Un scintillement de possibilités. C’est également le cinéma qui l’inspire : il cite Route one usa de Robert Kramer et rappelle son attachement aux errances des personnages de Wim Wenders.

Ce travail autour des paysages américains a été entamé grâce à une aide de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques (FNAGP).