Thibaut Cuisset

En 1991, Thibaut Cuisset passe du temps en Andalousie orientale et entame une série de photographies sur cette région où l’aspect désertique et l’omniprésence de la sécheresse l’attirent. C’est l’éblouissement propre au bassin méditerranéen, qui l’a toujours fasciné, qu’il cherche à retranscrire. Il photographie principalement avec des lumières hautes, et le résultat est très significatif du travail qu’il a entamé sur le paysage : les tonalités sont particulièrement douces, la lumière est très claire et il y a très peu d’ombres. Ce sont aussi des rapports de couleur qu’il sélectionne dans la nature.

« C’est dans la sécheresse, l’âpreté, la pauvreté d’un paysage, dans les à-côtés de la beauté convenue d’un paysage que je photographie. Les objets rejetés, oubliés, laissés sur le bord des routes m’attirent beaucoup plus que les signes de l’innovation » Thibaut Cuisset

Cette série s’inscrit parfaitement dans la continuité de celles d’Australie et de Suisse. Il la décrit ainsi « J’ai arpenté les routes du sud de l’Espagne. [...] J’en ai rapporté des paysages arides et émouvants dans des paysages en “chantier” ». On ressent à travers ces images l’état d’errance dans lequel il travaille à travers la présence de la route et de ces étendues désertiques. Ici encore, la présence humaine est symbolisée par la route et les restes des chantiers de constructions et d’aménagement de ces routes, qui interviennent dans le paysage et s’y intègrent. Ce qu’il souhaite montrer avec ces photographies, c’est également une nature qui travaille d’elle-même et propose des formes évoquant le passage de l’homme. Il s’agit d’une proposition de restitution du façonnage du paysage par le temps et par l’homme.

L’ensemble des photographies de la série a été exposée aux RIP (Rencontres Internationale de la Photographie d’Arles) en 1992, dont la direction artistique est alors assurée par Louis Mesplé.